PORTRAIT DE LA FONDATRICE DE LA MARQUE KIFAHARI

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Pouvez-vous en quelques mots vous présenter ?

 Bonjour… Je m’appelle Nyamabu Muya… mère de 4 enfants, Je suis d’origine Congolaise du coté de mon père et Angolaise de celui de ma mère. J’habite actuellement en Belgique et je suis fondatrice de la marque KIFAHARI et la CEO de mon entreprise qui s’appelle Artinprocess.

                      

Pouvez-vous nous parler de votre marque KIFAHARI, comment a-t-elle vu le jour?

 Et bien… KIFAHARI c’est mon bébé…c’est mon 5e enfants… l’idée est née en fin 2017 précisément quand j’habitais encore à Bruxelles… je venais d’avoir mes 40 ans et je cherchais une activité à faire car je trouvais que je n’avançais  pas. Au départ J’ai voulu faire la médecine…J’ai donc fait des études en médecine naturelle au Maroc et quand je suis rentrée de là, vraiment cela a bouleversé mon existence et beaucoup de choses dans ma vie…j’ai décidé après mon retour du Maroc, reprendre les cours de médecine mais ce n’était pas évident parce que j’étais maman avec des enfants en bas âge et du coup c’était très compliqué. J’ai donc cherché quelque chose à faire… une formation qui pourrait me permettre de chercher du travail et je suis tombée sur une formation de couture qui m’a permis de découvrir la couture… je suis allée… et j’ai fait la formation…je suis tombée amoureuse…ça été le coup de foudre, une vrai rencontre, une vrai révélation et au cours de cette journée de découverte, j’ai pu réaliser des petites confections et franchement ça m’a tellement plu que j’ai décidé de faire une formation supplémentaire pour avoir les bases. Et quand j’ai informé ma maman, sachant qu’elle est couturière de formation, elle était très contente, elle m’a prêté sa machine à coudre pour que je m’entraine.

A la suite de cela j’avais une amie qui m’a dit… « Écoutes, moi je ne te vois pas travailler comme employée de qui que ce soit, tu devrais monter ta propre entreprise pour être libre de vivre ta vie, d’être près de tes enfants et de ne dépendre de personne ». J’ai trouvé l’idée géniale et j’avoue que c’était ce qui pouvait me correspondre le mieux… puisque je suis quelqu’un de très épris de liberté et d’indépendance… travailler pour quelqu’un, n’aurait pas été simple pour moi, et même se serait très compliqué. Et  voilà, cette amie m’a dit mais…‘’tu devrais confectionner et partir de la récupe comme c’est le mode de vie que tu as choisi, comme tu es quelqu’un de très simple vas-y’’. Et une autre de mes amies m’a dit ‘’ben tu devrais faire tes propres choses et utiliser les pagnes, et mettre en avant notre culture ‘’. Et c’est de là qu’est parti KIFAHARI. C’est là que j’ai commencé au fait. Et euh…pour le nom…je cherchais un nom qui fasse Africain et qui rappelle mes origines, ma source et aussi qui soit joli… qui résonne bien dans les oreilles et qui ait un sens…Et comme j’aime particulièrement l’élégance… parce que je trouve que ça une caractéristique grandiose et tout le monde n’a pas ce trait de caractère, l’élégance… et donc j’ai cherché ce que veut dire élégance dans toutes les langues qui composent l’Afrique, et je suis tombée sur KIFAHARI qui en soit veut dire élégance et qui sonnais tellement bien…C’est ma tante qui m’a encouragé… et c’est de là qu’est parti le choix du nom et la fondation de KIFAHARI.

 

 Quelle a été la motivation qui vous amenée à vous intéresser à la mode?

 J’avoue que ce n’est pas la mode qui m’a intéressé…vraiment pas. C’était plutôt le fait d’être capable de réaliser des choses par moi, de confectionner. Et pour dire la vérité, ce qui m’a poussé à ça…c’est comme j’ai dit… c’est un désir d’indépendance et de  liberté… je ne voulais travailler pour personne, n’être sous les ordres de personne. D’ailleurs je ne suis pas  une fashion lover… c’est plutôt le monde de l’artisanat qui me fascine, être capable de créer des choses sois même qui est très valorisant. Ce qui m’épanouit à souhait c’est certainement le recyclage et l’upcycling qui consiste à détourner les objets de leur fonction initiale et leur donner une autre fonction.

Je ne rêve pas  justement d’intégrer  la fashion industry… Ce que je veux par contre c’est être dans le groupe de ceux qui consomment moins mais bien, des gens qui réutilisent. Je ne veux pas faire partie du problème… mais de la solution, des gens qui recyclent, qui sont contre le gaspillage, qui participent à une société durable et responsable. Quand je vois comment nôtre société fonctionne cela me motive encore plus sur la direction que doit prendre ma société. Les accessoires sont les confections qui me passionnent le plus et particulièrement ceux que je crée à partir de matériaux de récupération.

Après oui, les accessoires  font partis intégrante de la mode, mais de faire partie de la fashion industry n’est assurément pas ma motivation première. Ou si je le fais, je fais avec des choses qui ont été portées et qui nécessitent à être reportées. Les vêtements ce n’est pas trop mon occupation préférée, cela prend énormément de temps, et cela ne me fascine pas autant que le recyclage et l’upcycling… mais cependant je suis capable de produire une collection riche et fascinante pour ma marque mais aussi pour ma famille ou bien des amies… mais en faire une activité principale de confection de vêtements pour la masse… non.

Mon épanouissement réside dans le recyclage et la transformation.

 Avez-vous suivit des cours particuliers pour pourvoir nous rendre ces belles créations ?

 Oui j’ai suivi une formation en couture… J’en ai fait plusieurs… Je viens de terminer trois années en restauration de meubles anciens. Et récemment j’ai suivi une formation de stylisme créatif et je continuerai probablement à suivre des formations de ce genre. Mais sinon je suis autodidacte, j’aime énormément apprendre de moi-même… je suis très curieuse, j’apprends beaucoup toute seule… Mais je suis toujours ouverte aux nouvelles formations. Reprendre des études de longue durée cela n’est pas au goût du jour mais on ne sait jamais… parce que la vie est tellement courte et il y a tellement de choses à explorer… Je préfère apprendre sur le tas avec des personnes possédant une plus grande expérience que moi. Je ne sais pas si je prévois encore d’autres formations dans l’immédiat, mais pour la couture oui je veux continuer à apprendre je n’arrêterai pas.  

 

 De quoi vous inspirez-vous pour faire de telles merveilles?

 Et bien de l’inspiration il y en a partout… Je m’inspire du monde en général, de ce qui m’entoure, de la société… de moi… je parle beaucoup de ce que j’ai vécu… de ma propre vie… Je m’inspire de l’histoire, des civilisations, des cultures en générale, et là vraiment mon but c’est de mettre en avant notre culture, de montrer à quel point nous sommes talentueux et que nous aussi Africains  produisons de belles choses, que nous sommes capables de biller, que nous  l’avons toujours fait, que nous le ferons toujours…Mais concrètement je pense que c’est la vie en générale qui m’inspire, les situations, c’est l’état dans lequel la société se trouve… C’est une grande inspiration pour moi.

 

 Le pagne attire beaucoup l’attention dans votre travail, pourquoi le choix de l’associer à vos créations?

 Aah !! Parce que le pagne est une tradition dans nos cultures africaines, si j’ai grandis pour la plus Part en occident cependant le pagne est un symbole culturel chez nous. Ce sont les tenues traditionnelles que portaient nos grand-mères, nos mères aussi. C’est notre identité…et puis c’est tellement beau ! Après il y a une différence entre le pagne et WAX… j’ai commencé par le WAX parce qu’ici c’est ce qui m’était le plus accessible… mais au fil du temps quand j’apprends je me rends compte que derrière le WAX, il y a toute une histoire coloniale donc bien souvent un lien négatif, aussi je m’efforce de plus en plus à m’éloigner du WAX pour me rapprocher du pagne donc forcément les vrais tissus de chez nous qui sont  tellement plus beaux et qui ont une histoire plus authentique…Donc cela devient pour moi un choix plus évident dans mon travail et dans mon évolution, notre continent est immense il y abrite 54 pays, donc faites le calcul, quant aux choix qui s’ouvre à moi en matière de tissus, de culture, de tradition, d’histoire, de façon de fabriquer… Donc pourquoi ne pas les fusionner. J’ai grandis ici et que malgré mon mécontentement envers ce continent je dois reconnaître que je peux y trouver de très beaux tissus afin de les combiner avec nos tissus. On peut dire que je tente un pont entre cette Afrique méconnue de l’occident…cette Afrique très belle, si mystérieuse et tellement fascinante…que moi-même qui suis Africaine je ne connais pas, parce que j’ai vécus ici et qu’on nous a donné une image tellement négative de ce qui vient de chez nous…  voilà ce que je découvre et c’est en cela que je suis émerveillée… et je voudrais pouvoir partager cela avec nous même Africains… parce que nous ne nous connaissons pas, et avec le reste du monde qui ne nous connait pas dû aux mensonges diffusés par les médias de masse occidentaux à notre encontre.

 

 Que voulez-vous exprimer au travers de ce choix?

 Ce que je souhaite transmettre  au travers du pagne, c’est que la culture Africaine est simplement sublime et aussi profonde que toutes les autres cultures du monde, Elle est même magnifique,  monter que le pagne c’est aussi un tissus noble que peut l’être la soie ou l’organza…ou le satin… ou tout autre tissus fabriqués par les occidentaux et les autres cultures. Afin de nous présenter sous notre plus belle apparence, et que nous aussi avons  une très belle histoire, une histoire magnifique. Mais que nous avons malheureusement subis une grande injustice, et qu’au travers de nos pagnes entre autre nous faisons partie intégrante de la société. C’est de montrer toute cette beauté, cette grandeur et que nous aussi on a fait de l’histoire, on a une civilisation grande et belle, magnifique et que probablement notre histoire est plus glorieuse et plus belle. Et montrer qu’il n’y a pas que l’occident qui a de belles choses…que le monopole n’appartient pas à une seule civilisation mais à toutes les civilisations et que nos tissus ont leurs places dans ce monde, on leurs places dans la mode, dans le design, dans le quotidien quoi…Voilà c’est cela que je veux exprimer au travers du pagne.

 

 Qu’est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans votre travail ?

 Oh là là… !! tout…tout… le fait d’être libre…de ne pas avoir d’horaire précis pour travailler, d’être mon propre patron, de disposer de mes horaires, de pouvoir passer du temps avec mes enfants, d’être à la maison, de ne pas être sous les ordres de qui que ce soit, à part de moi-même. C’est aussi le fait d’être capable de fabriquer les choses de moi-même et puis de rencontrer des gens et d’avoir un retour même un ou deux ans après… des gens qui sont venus qui ont acheté mes produits et qui me disent qu’ils ont aimés et qu’ils reviennent satisfaits… Et d’avoir le soutien de la famille, des gens.

Quels sont les outils que vous utilisez dans votre travail ?

 J’utilise beaucoup de choses de récupération… les bijoux… les boutons… de la corde… de tout ce que je peux récupérer qui me semble intéressant et qui pourrait apporter un élément supplémentaire à mes confections. J’aime beaucoup mélanger comme vous pouvez le constater… J’aime bien les objets insolites… les tissus que les gens ne regardent  pas… j’aime bien tout ce qu’on n’utilise pas. Donc en fait il y a beaucoup de choses que j’utilise… énormément de choses.

 

 Vous êtes CEO de SIMKOOLSWISS en Belgique, pouvez-vous nous en dire plus ?

 Je représente SIMKOOLSWISS en Belgique… parler de SIMKOOLSWISS…ce qu’il fait… et ce qu’il propose. Donc oui quand il y a ici quelqu’un qui est s’intéressé et qui veut faire partie du réseau SIMKOOLSWISS en Belgique…je le mets en contact. Je suis en fait un lien…un pont entre SIMKOOLSWISS et SIMKOOLSWISS Belgique.

                                                                                

              FIN

 

 

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